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 Oeuvres d'anticipation des dérives eugénistes

 

 

1) Une oeuvre littéraire : Le meilleur des mondes

 

a) Présentation

 

Aldous Huxley publie Le meilleur des mondes en 1932. C’est un roman d’anticipation dystopique, autrement dit un roman de science-fiction contre utopique, qui propose une vision péjorative de l’eugénisme dans un monde en apparence idéal. L'auteur imagine une société du futur qui utilise des méthodes génétiques modernes pour mettre en place une hierarchie sociale organisée où chacun est heureux de sa condtion. Cette société utopique, d'apparence parfaite, se révèle être une véritable dictature. Vingt ans plus tard, Aldous Huxley publie un essai sur son livre Retour au meilleur des mondes qui insiste sur l’aspect dangereux de l’évolution du monde. En 1980 et 1998 le roman se voit adapté à la télévision. (Biographie d'aldous Huxley en annexes.)

 

L'histoire débute à Londres, aux environs de l'an 2500 de notre calendrier. La majorité des êtres humains vivent dans l’État Mondial et seule une minorité de sauvages, qui sont les humains se reproduisant encore de manière naturelle, sont regroupés dans des réserves. Les sociétés dites anciennes ont été détruites par un immense conflit : la « Guerre de Neuf Ans ».

 

 

La reproduction sexuée a totalement disparu pour laisser place à une reproduction artificielle, à la pointe de la technologie sur le plan génétique. Les enfants sont produits à la chaîne. Chaque humain est conditionné afin de répondre aux exigences de la société.

 

 

Cette méthode consiste à créer l'intégralité des êtres humains dans des laboratoires : sélection des gamètes mâles et femelles introduits dans des tubes à essai, étiquetage, tri et traitement en fonction de la prédestination sociale, maturation des fœtus dans des flacons le long d'une chaîne. Durant les 9 mois du processus, les embryons commencent à être conditionnés à leur vie future. Le traitement qu'ils subissent détermine leurs goûts, aptitudes, comportements en fonction de leur future position dans la hiérarchie sociale. Les enfants sont ensuite amenés plusieurs heures par jour dans des salles de conditionnement leur permettant de devenir des bons citoyens. Ils subissent également un conditionnementpendant leur sommeil par des méthodes hypnopédiques. Afin que l'équilibre idéal ne soit pas perturbé, aucun être humain n'échappe à ce conditionnement.

 

 

Ainsi la société est composée de 5 castes :

 

  • les castes supérieures avec les Alpha, qui font partie de l'élite dirigeante et sont dotés de nombreuses qualités, et les Bêta, qui sont eux des travailleurs intelligents occupant les postes assez conséquents.

  • les castes inférieures avec Les Gamma, classe moyenne et populaire, et enfin Les Delta et les Epsilon qui occupent des fonctions manuelles relativement simples, sont petits et laids, et qui contribuent à la société de consommation.

 

 

Dans cette société, tout le monde coexiste en harmonie, sans désir d'appartenir à une autre caste, puisque chacun est conditionné pour être heureux de sa situation. Afin de renforcer ce sentiment de bonheur, et ainsi la stabilité de la société, l'Etat distribue du « soma », substance semblable à la drogue ou à l’alcool, mais qui n' a aucun effet néfaste sur l’organisme. La sexualité, uniquement récréative, est enseignée dès le plus jeune âge, se limitant à de brefs rapports, les relations amoureuses étant mal acceptées. Les loisirs de groupes sont privilégiés, les activités individuelles peu tolérées. Les habitants sont formtés pour consommer massivement. L'Etat Mondial est donc une société entièrement régulée. C’est d'ailleurs la devise de cet ordre mondial: «Communauté, identité, stabilité ».

 

 

 

Le roman raconte l'histoire de Bernard Marx, un Alpha, qui présente certaines caractéristiques de castes inférieures comme sa petite taille. Bernard semble être l'un des seuls à ne pas être heureux dans cette société, persuadé d'avoir subi une erreur de conditionnement. Il emmène Lénina, une femme Beta, dans une réserve sauvage où ils rencontrent John, né naturellement d'une femme venant de l'Etat Mondial. John, très cultivé, veut découvrir ce nouveau monde. Emerveillé au début, il finira par être épouvanté par cette société et son fonctionnement qu'il dénonce. Grâce à John, Bernard découvre et comprend les mécanismes de ce despotisme. Comme ils se montrent désobéissants, ils seront condamnés, et expulsés. Mais John refuse et se cache, vivant isolé. Il finira par se suicider.

 

b) Analyse

 

Le Meilleur des Mondes peut être considéré comme une œuvre d'anticipation à bien des égards, tant scientifique qu'historique. La famille d'Aldous Huxley comptait parmi l'élite intellectuelle britannique, son grand-père et son frère étaient biologistes, et force est de constater que les techniques qu’il a imaginées dans ce roman sont pour la plupart réalisables aujourd'hui. La biologie cellulaire a évolué de telle sorte que ce qui relevait encore hier de l’utopie et de la science fiction fait désormais partie du réalisable. En effet, il aborde ici la fécondation in vitro, le clonage, les méthodes contraceptives, sujets qui étaient peu développés à l'époque de l'écriture du roman.

 

 

Dans Le Meilleur des mondes, l’eugénisme est la règle fondatrice de la société. La hiérarchie sociale et la société elle-même est fondée sur la manipulation génétique. Le système s’appuie sur une organisation en castes avec des profils sociaux standardisés qui sont définis par des technologies de manipulation génétique et renforcés par le conditionnement. Cette évolution de la biologie cellulaire entraîne un système de classes sociales. Cela nous fait penser à la civilisation imaginée par Platon plus tôt dans La République : même idée d’une société reposant sur un système de groupes sociaux immuables.

 

 

Le conditionnement des enfants destiné à en faire de bon citoyens rappelle le fonctionnement des jeunesses hitlériennes, qui recrutait de très jeunes allemands pour les entraîner à devenir de bons patriotes. L’individu n’a plus de raison d’être, il disparaît dans le groupe. Il devient comme une machine, et perd toute liberté personnelle. La notion de famille n’existe plus, et la notion de condition humaine non plus. Cette société pourrait être considérée comme parfaite, mais elle propose un futur très peu enviable. Le déterminisme y est total.

 

 

Pour garder sa stabilité, la société a supprimé tout ce qui peut amener les citoyens à penser : l’art est totalement contrôlé, la science également. La religion a été remplacée par le Culte de « notre Ford », en référence critique à Henry Ford, fondateur de l'OST (organisation scientifique du travail) qui oblige les ouvriers à réaliser une seule et même tâche de façon mécanique à la chaîne, sans perspective d'évolution hierarchique. Une telle organisation ressemble à celle de la société de l'Etat Mondial. Le culte de « notre Ford » rappelle le culte de la personnalité mis en place par les dictateurs.

 

 

La littérature, la poésie, la connaissance de l'histoire n'ont plus leur place. Cette emprise totale de l'Etat sur la pensée et les actes des individus est comparable aux mécanismes de la propagande et de la censure. Les hommes ne doivent pas être trop instruits afin de ne pas remettre en question leur condtion et le système en place. Cela nous fait penser à la main mise du régime nazi sur la production artistique, et à l'interdiction de l'art dit dégénéré.

 

 

En somme, l'eugénisme, dans Le meilleur des Mondes, sert à contrôler la population : la science permet de créer des êtres conditionnés à évoluer dans une société où tout est réglé d'avance, une société en apparence idéale, mais qui est en réalité une véritable dictature. Aldous Huxley livre ici une critique des régimes totalitaires en pleine expansion dans les années 30. Ce monde est une véritable tyrannie qui n’offre aucune perspective d’avenir, l’avenir de chaque individu étant déjà préalablement tracé au moment même du commencement de son existence. La science pourrait donc devenir un moyen d'asservissement des peuples au régime en place. Cette critique fait aussi référence à la modernisation de l'industrie, aux nouveaux modes de production intensive, à la société de consommation qui émergent à cette époque là, et interpelle sur la mondialisation et la perte d'identité, l'anglais étant l'unique langue parlée dans l'Etat.

 

 

L’auteur met donc en œuvre une métaphore sombre et pessimiste de notre société et de son avenir et nous met en garde sur les conséquences néfastes des progrès de la science. Cette société est vide de tous sentiments et émotions, l’amour semble n’avoir jamais existé (absence d’une famille aimante, manque de passion amoureuse, inexistence d’amis). Les êtres qui la constituent sont dépourvus de toute forme d’humanité, ainsi l’eugénisme tend vers l’enfer. Un monde sans liberté n’a pas lieu d’être même si c’est le prix à payer pour une stabilité. L’Homme est un individu libre, rempli de désirs, de sentiments et d’émotions et l’eugénisme, ici, ne laisse pas libre cours à ces caractéristiques.

 

 

A l'heure où la génétique, le clonage, la procréation assistée et les pratiques médicales progressent, la lecture du Meilleur des Mondes nous appelle à la plus grande attention sur les risques que les avancées scientifiques, en particulier ici dans le domaine de l'eugénisme, peuvent faire courir au genre humain.

 

2) Une œuvre cinématographique, Bienvenue à Gattaca

 

a) Présentation

 

Bienvenue à GATTACA est un film américain, mêlant plusieurs genres: science fiction, fiction sociale et film policier. Il a été écrit et réalisé par le néo-zélandais Andrew Niccol.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans un futur proche, où la manipulation génétique et la conquête du système solaire sont devenues des éléments de la vie quotidienne, la procréation repose essentiellement sur la technique de fécondation in vitro, avec un tri de gamètes, permettant de choisir le profil de son futur enfant. La génétique a donc pris le pouvoir et permet de classer désormais les individus en deux catégories selon leurs aptitudes physiques et intellectuelles: les Valides, à qui sont exclusivement réservés tous les postes de responsabilité, et les Non Valides qui sont assignés aux tâches inférieures. Un homme, né d’une union naturelle, va corrompre le système pour réaliser son rêve : partir dans l'espace. Il empruntera alors l'identité d'un être génétiquement parfait pour se faire admettre à l'académie spatiale de Gattaca. Les lettres qui composent le nom Gattaca sont issues des quatre nucléotides, éléments de base de l'ADN, c'est-à-dire le G pour la Guanine ; le A pour l'Adénine ; le T pour la Thyhymime ; le C pour la Cytosine.

 

Vincent Anton Freeman est un « non valide », et rêve de partir pour l’espace, mais ce privilège est réservé aux hommes ayant toutes les qualifications génétiques requises. A la suite d’un accident, Jérôme Morrow, un de ces hommes valides, ex-champion de natation, perd l’usage de ses jambes et prête à Vincent son identité afin qu'il réalise son rêve. Malgré une enquête sur un meurtre au sein de Gattaca, Vincent parvient à dissimuler sa véritable identité et part pour Titan, un satellite de Saturne. Nous verrons tout d’abord en quoi ce film a anticipé un nouvel eugénisme par rapport à la société de nos jours. Puis nous verrons si Andrew Niccol a anticipé sur les technologies scientifiques comme la fécondation in vitro ou les appareils technologiques.

 

b) Analyse

 

Dans ce film, la société est basée sur l'eugénisme. Vincent Anton Freeman étant un « non valide » a subi de multiples injustices au cours de sa vie. Dès l'enfance, les établissements scolaires refusent de le prendre en charge. Ses parents sont obligés de le mettre dans des écoles spécialisées. D'autre part, le rêve de Vincent qui est d'aller dans l'espace, n'est réalisable que par des hommes ayant toutes les qualités génétiques requises. Rien que pour pouvoir entrer dans l'enceinte de Gattaca il faut être valide. L'entretien d'embauche se résume à une reconnaissance génétique. En fait, un homme comme Vincent ne peut qu'avoir un métier d'homme de ménage. Le fait que Vincent parvienne à réaliser son rêve à la fin du film montre que cette forme de société est "fausse" car un invalide parvient finalement à faire ce qui est réservé à des personnes sensées être supérieures. Jérôme Morrow, l'ancien champion de natation, n'a jamais réussi à obtenir mieux que la médaille d'argent malgré tous les dons qu'on lui avait donnés à sa naissance, tels qu'une espérance de vie presque infinie et une constitution physique incroyable. Enfin, on peut remarquer que l'enquête sur le meurtre perpétré au sein de Gattaca donne tout de suite comme première conclusion que le meurtrier est un invalide. Mais la suite prouvera le contraire : le meutrier est en fait un valide n'ayant pas de gènes de violence. La société décrite dans le film a donc de nombreuses failles et on peut retrouver cet eugénisme dans la façon de penser des personnes.

 

L’eugénisme est devenu la norme au sein de la société décrite par Andrew Niccol. La ségrégation et la discrimination par les gènes sont pleinement assumées par cette société. Cette norme se retrouve dans les noms des protagonistes, le second prénom de Jerome est Eugène, il est formé de racines grecques « eu- », signifiant « bien », et « genos », la « race ». Il signifie en d’autres termes « bien né », ce qui renforce sa position d’être « valide ». Par opposition, le nom de Vincent, Freeman, signifie « homme libre » en anglais. Ce personnage est en effet bien l’un des seuls « invalides » à tenter de pénétrer cet univers, mais à quel prix ? Il doit en effet abandonner sa famille, mener une vie quasiment solitaire avec Eugène, et avant tout s’imposer une rigueur exceptionnelle pour ne pas être démasqué.

 

Ainsi, le réalisateur prévient de la menace que représente l'eugénisme. Il craint que l’on oublie l’individu au profit d’une société qui va de plus en plus de l’avant. La peur de Niccol est bien présente dans chaque domaine du film, perçue grâce à la déshumanisation et la froideur de l’atmosphère de Gattaca. Chaque partie du film nous montre l’effroi provoqué par une société à ce point divisée, et discriminatoire. L'environnement est dépouillé de toute végétation et de toute nature, afin d’illustrer un monde où la nature n’a plus sa place et où le monde et la vie sont entièrement façonnés par la main de l’homme. Les personnages de Gattaca sont représentés de manière totalement déshumanisée et uniformisée. Leurs regards sont inexpressifs, leurs visages impassibles, comme vides de toute émotion, leurs attitudes toujours dans la retenue.

 

Andrew Niccol ne remet pas en cause les fondements d'une société, mais glorifie ceux qui savent et ont le courage et la volonté d'utiliser toutes les failles que celle-ci peut présenter. Il met en lumière l'importance de la volonté individuelle, l'incertitude et l'absence de maîtrise des autorités qui créent une bulle de liberté garantissant l'affranchissement des ses citoyens. C'est dans cet espace qu'évolue notre héros, bien décidé à ne pas jouer avec le jeu qui lui a été distribué. Comme cette éternelle compétition avec son frère et qui le motive plus que tout. Ainsi, une simple course en nageant vers le large servira de déclic psychologique.

 

 

Quelques images commentées du film

 

 

Dès son enfance, les capacités et les performances de Vincent, né de façon naturelle, sont scrutées et comparées à celles de son petit frère Anton, procrée artificiellement.

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

La transformation de Vincent : du « non valide », homme de ménage au « valide », futur astronaute.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous pouvons remarquer que le réalisateur utilise des filtres couleurs placés sur la caméra : dans la première image, on a une dominante ocre, qui contraste avec la dominante bleue, de la seconde image, qui, par sa froideur, traduit la perfection, la pureté. Cette dualité se retrouve dans les deux images suivantes qui opposent le monde extérieur, la nature, représentés en ocre, imparfaits, presque hostiles à l'homme à l'intérieur de la cité, en bleu, où l'on sent le contôle, la froideur, la maîtrise de la main de l'homme, renforcés par la dureté et la régularité des lignes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jérôme Eugène Morrow, « valide » au profil génétique exceptionnel, se retrouve invalide, en fauteuil roulant, suite à un accident. Il prélève sur lui des échantillons de sang, de peau, de cheveux, afin de prêter son identité à Vincent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On notera la forme de l'escalier, que Jérôme ne peut plus emprunter, qui ressemble à la double hélice d'ADN. Ce modèle est d'ailleurs utilisé à de nombreuses reprises tout au long du film.

 

 

 

Contrôles d'identité et de performances au sein de la cité de GATTACA.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le thème principal de Bienvenue à Gattaca est bien évidemment celui du biocontrôle, permis par la manipulation génétique in vitro. Aujourd'hui, l'eugénisme est plutôt rare, mais pas inexistant. Quand une femme est enceinte, elle a la possibilité de savoir si son enfant est un garçon ou une fille, ou si son enfant sera atteint de certaines maladies. Et elle peut ensuite demander à avorter, ce qui est une forme d' eugénisme car c'est une forme de préférence génétique.

 

De plus il existe encore des personnes voulant créer une race supérieure et avec les avancées scientifiques d'aujourd'hui il sera peut être possible de déterminer les gènes de l'embryon. Certains médecins se permettent de mettre fin à la vie de nouveaux-nés handicapés (2005, des médecins Hollandais ont avoué avoir tué des nouveaux-nés handicapés depuis 1997), et certains parents chinois tuent leurs enfants parce qu'ils n'ont pas le sexe voulu (en effet, le nombre d'enfants est limité en Chine à cause de la surpopulation, et les parents souhaitent le plus souvent avoir un garçon).

 

Les fécondations in vitro ont été découvertes dans les années 1970 mais ne sont opérationnelles qu'à partir des années 1980. Et depuis Louise Brown, le premier enfant éprouvette, les fécondations in vitro, utilisées pour obtenir des grossesses chez des couples dont la stérilité était considérée avant cela comme définitive, permettent de mieux comprendre les mécanismes de la procréation humaine. La fécondation in vitro consiste à prélever un ovule (cellule sexuelle de la mère) et à le mettre en contact avec des spermatozoïdes (cellule du père) hors de l'organisme de la femme.

 

Mais il est impossible avec la science actuelle de déterminer les gènes de l'embryon. La fécondation in vitro est d'une technique complexe qui demande que les couples soient informés le plus précisément et le plus complètement possible de l'ensemble des impératifs techniques et des contraintes de ce traitement, et il faut également souligner la nécessité d'une grande collaboration et disponibilité du couple. Cette technique ne permet pas la détermination des gènes mais simplement à un couple ayant une fécondité faible de faire un enfant.

 

Dans son film, Andrew Niccol utilise un matériel scientifique très élaboré. Tout d’abord, les reconnaissances d’identité se font à l’aide d’une infime prise de sang (par exemple pour entrer dans GATTACA), ou de tests urinaires (lors des entretiens d’embauche ou des contrôles de santé). Mais, comme on peut le voir pendant l’enquête, l’analyse de cheveux ou de peau permet aussi d’identifier une personne. Ainsi, Andrew Niccol a réalisé avec Bienvenue à Gattaca un film d'anticipation. Ce film anticipe les sciences d'aujourd'hui, par rapport à l'eugénisme et aux matériels scientifiques. Peut-être qu'un jour la détermination génétique sera possible. Bienvenue à Gattaca met en lumière les dérives possibles dans un futur qui n'est peut-être pas si éloigné que cela.  Il pose également la question de l'acquis par rapport à l'inné : la génétique peut-elle définir qui nous sommes de manière ferme, peut-elle jouer le rôle du destin ?

 

En définitive, cette société a la volonté de ne laisser aucune place au hasard. Cela nous amène à une autre des conceptions centrales du film: la recherche du bonheur. Dans le film, ceux possédant les meilleurs gènes exercent les plus hautes fonctions et peuvent vivre en choisissant ce qu’ils veulent devenir, en poursuivant leur rêves; tandis que ceux ayant hérité de mauvais gènes seront condamnés à subir ce qu’on voudra bien leur accorder comme tâche. Les premiers étant considérés comme devant être heureux, les autres malheureux. Or, le bonheur est lié au hasard et à la chance, on ne choisit pas qquand et comment il survient. Il est donc précaire, et ne dépend pas de nous. Selon Aristote, le bonheur ne se décide pas, une vie heureuse suppose une activité qui ne soit pas entravée par des obstacles extérieurs. Nous devons être libres pour aspirer et ressentir le bonheur. De même on voit bien que la volonté de tout contrôler ne pourra pas être le seul moyen de s’assurer d’être heureux. Le bonheur ne peut être ressenti que si l’on est libre.


 


 


 

 

 

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